par Andrea Macdonald (AB)
L’engouement de la musique n’aurait jamais été possible pour moi sans la méthode Suzuki.
J’ai toujours été sensible à la musique. En grandissant, j’ai chanté dans des chorales, dans des comédies musicales et dans des groupes pop. J’étais membre d’un gamelan balinais où nous apprenions des répertoires de concerts par cœur. Je mémorisais très vite et je retenais très bien la musique que l’on me donnait. Mon oreille était ma force. J’étais la première à chanter sans la partition et mes amis se réjouissaient de mon talent à nommer n’importe quelle chanson populaire après la première ou la deuxième note. Mais je ne savais pas lire la musique.
Ce n’est pas parce que je n’avais pas essayé. J’avais pris des leçons de piano et de chant à vue, mais elles se sont toutes soldées en non-satisfaction. Lorsque mon mari, un musicien professionnel, m’a suggéré d’essayer un instrument « en ligne», j’ai appris la flûte à bec et j’en suis tombée amoureuse. Avec une seule portée à gérer, les choses se sont quelque peu améliorées. Je me suis joint à un quatuor puis à un plus grand ensemble. Ma bonne oreille m’a bien servi, mais je me suis rapidement heurtée à un mur quand il l’agissait de lecture à vue. Malgré l’aide de mon mari et plusieurs années d’étude assidue, le manque de progrès me frustrait et j’en avais honte. C’était devenu émotionnellement difficile pour moi de pratiquer. Je me sentais coincée. Je lisais les notes sans jamais en comprendre l’essence.
Finalement, à 52 ans, j’ai passé des tests psychopédagogiques et on m’a diagnostiqué un TDAH avec un «trouble grave du traitement visuel». J’avais besoin d’une approche différente.
Je ne pensais pas que quelqu’un serait prêt à enseigner la méthode Suzuki à un adulte, mais j’ai trouvé, en Alberta, un merveilleux professeur, Kathleen Schoen. Nous avons commencé les leçons et, en deux semaines environ, j’ai déjà appris le premier du volume pour la flûte à bec alto, apprenant facilement deux à trois chansons par jour. Le volume pour flûte à bec soprano a suivi puis j’ai commencé à étudier les deux portées que l’on retrouve dans le deuxième volume.
C’est là que j’ai reçu mon premier choc: l’un des morceaux que je venais d’apprendre avec mon grand ensemble de flûtes à bec était la Bourrée de la Water Music Suite de G.F.Haendel. Comment diable cela est-il possible que cette pièce ardue se retrouve dans le deuxième volume? Mais cette fois, contrairement au passé, ma frustration n’était plus. Je ne me sentais pas défaite.
J’enseigne aux personnes âgées comment utiliser les technologies telles que les iPads et les iPhones. Je prends le temps d’établir de bonnes notions de base avant de passer à des concepts plus avancés. J’ai été extrêmement impressionné par l’agencement et l’échafaudage minutieux de la méthode Suzuki. Le répertoire choisi suit une logique agréablement progressive.
La méthode Suzuki a tout changé pour moi. Au lieu de me traîner jusqu’à mon studio de musique pour endurer ma frustration et mes chagrins, essayant vainement de rester concentrée, je joue maintenant pendant plus d’une heure par jour. Mon estime de moi est montée en flèche! Je ne rêve plus d’un avenir où, un jour, je pourrais apprendre la musique que j’aime. C’est maintenant un fait accompli!
Je recommande vivement la méthode Suzuki à tout adulte désireux d’apprendre la musique. Mon vœu est qu’il y ait un lieu où les étudiants adultes apprenant la méthode Suzuki puissent discuter. Comme les enfants, nous avons besoin de nous entraider pour poursuivre ce voyage.