Les 5-6 et 7 février 2007, 16 jeunes violonistes de 7 à 13 ans de l’ensemble « Jeux d’Archets Suzuki » de Québec ont eu la chance de faire 4 concerts dans le cadre des Matinées Symphoniques de l’Orchestre Symphonique de Québec (OSQ). Ils ont joué les 1e et 3e mouvements du Concerto en La mineur de Vivaldi dans le cahier 4 du répertoire Suzuki, accompagnés par l’OSQ, sous la direction du chef assistant M. Richard Lee. Ils ont joué dans la grande salle de concert Louis-Fréchette du Grand-Théâtre de Québec, vivant ainsi une expérience unique, en plus d’avoir des contacts privilégiés avec les musiciens et le chef.
En 2005, suite à une demande auprès de M. Talmi et de la directrice artistique de l’OSQ, nous avons eu la possibilité de passer une audition devant eux. A moins d’un mois d’avis, les jeunes ont dû travailler très fort pour se préparer a l’audition et je fut très fière du professionnalisme du groupe.
Lors de l’audition, ils ont joué le 1e mouvement et leur candidature a été retenue dans le cadre des Matinées Symphoniques pour la saison 2007. Encore plus intéressant, M. Talmi nous a demandé d’ajouter le 3e mouvement du concerto au programme. C’était la première fois qu’un groupe de jeunes musiciens étaient invités à se joindre à l’OSQ pour un tel événement.
Afin de répondre aux attentes d’un tel projet, il a fallu, à fortes doses, les ingrédients suivants: du travail individuel et d’ensemble, de le persévérance, de la détermination, d’innombrables répétitions et de la créativité afin d’éviter de sombrer dans la routine. Ces jeunes ne sont pas des virtuoses, ne pratiquent pas 3 heures par jour et ils s’adonnent à bien d’autres activités. Cependant, ils travaillent fort et sont assidus.
Pour réussir, le support et l’engagement des parents furent nécessaires. Certains ont assumé des responsabilités liées à la logistique : habillement, transport, billets d’entrée, etc. A titre d’exemple, une mère couturière du groupe a confectionné des robes pour les filles et les garçons ont standardisé leur habillement. Désormais, les jeunes ont une tenue de concert bien à eux. En tant que professeure, j’ai pu ainsi me concentrer plus particulièrement sur les implications musicales du projet.
A deux occasions, à l’étape de la préparation de l’événement, nous avons eu recours aux bons conseils et au support de M. Darren Lowe, violon solo de l’OSQ. Il est venu enseigner aux jeunes lors de cours de groupe. Nous avons aussi rencontré le chef, M. Richard Lee, lors d’une pratique 10 jours avant la générale du 5 février, pratique qui s’est avérée la seule et unique rencontre avec l’orchestre avant les concerts. Ces quelques heures passées avec M. Lowe et M. Lee furent très enrichissantes, intéressantes, inspirantes et aussi rassurantes pour moi ! Cela apporta aussi une autre dimension à la poursuite de notre cheminement.
Les jeunes ont beaucoup grandi de cette expérience. Ils ont appris à jouer avec chef d’orchestre, expérimenté l’accompagnement authentique de la pièce (l’orchestre) et senti derrière eux toute la force, la subtilité, la beauté et les sonorités d’un orchestre. Ils ont pris consciences des implications musicales de jouer dans une salle de grande envergure devant plusieurs auditeurs. Tout cela a contribué à développer leur confiance en eux et la conviction qu’ils sont capables d’arriver à des choses extraordinaires avec leur instrument.
La performance des jeunes aux Matinées Symphoniques a eu une retombée très intéressante pour l’ensemble « Jeux d’archets Suzuki », car ils sont invités à jouer à un autre concert extraordinaire. En effet, ils participeront au deuxième concert d’ouverture du Palais Montcalm avec le Chœur les Rhapsodes de Québec, le 31 mars prochain. D’autres élèves du groupe s’ajouteront et il est prévu qu’ils soient 36 à participer à ce concert.
Une fois de plus, je fus enchantée d’apprécier le grand pouvoir de la philosophie et de l’enseignement de la méthode Suzuki, spécialement dans un milieu où cette méthode est méconnue. J’ai eu la chance de faire ma formation de professeure Suzuki il y a huit ans aux États-Unis et par la suite je suis revenue l’enseigner à Québec. Malheureusement, l’absence de professeurs formateurs en violon au Québec restreint beaucoup l’accessibilité à la méthode. Nous ne comptons, actuellement, que trois professeurs Suzuki dans toute la région de Québec.
J’espère que ces concerts auront un impact positif pour la méthode Suzuki à Québec et que cela engendrera un intérêt, de la curiosité et le goût d’en connaître davantage sur cette merveilleuse méthode. Je souhaite à tous les groupes Suzuki de vivre une telle expérience. Les membres du triangle Suzuki, les jeunes spectateurs et tous ceux qui y ont participé d’une quelconque façon ont profité d’une expérience unique et très enrichissante.